Histoires, contes et légendes, qui est M. Renard ?
Par le terme « renard », on entend un nom générique qui embrasse de nombreuses espèces. Dans l’imaginaire populaire européen, c’est le renard commun ou renard roux qui nous apparaît comme figure culturelle ancestrale symbolique, artistique et folklorique.
Mais pas seulement : le renard dans ses formes, sous ses couleurs, selon ses apparences, réelles ou chimériques, véritables ou romanesques, véhicule une symbolique quasi universelle … à travers le temps et le monde.
Au gré des cultures et des époques, le renard a attisé l’imagination et ainsi diverses croyances. Tantôt détenteur de pouvoirs magiques, tantôt réincarnation du diable, il est admiré ou maudit depuis la Grèce antique de ce que nous connaissons et sans doute depuis bien plus longtemps.
Le renard est devenu le symbole de la ruse, de la malice, du mensonge, de la flatterie et de la fourberie, toutes ces caractéristiques anthropiennes nourries de l’évidente acuité de cet animal.
Dans la littérature européenne : dans les fables d’Esope reprises par Jean de La Fontaine au XVIIe siècle (Le Corbeau et le Renard ; Le Renard et la Cigogne ; Le Renard et le Bouc ; Le Renard et les Raisins…), le petit rouquin est le flatteur et le manipulateur. Le Roman de Renart, satire de la société bourgeoise au Moyen Âge, met en scène sa ruse et fait de lui le héro fourbe qui se joue des puissants (le roi Noble, le lion) mais se fait avoir par plus petit (Tiécelin, le corbeau). Le succès de l’œuvre donnera son nom au goupil – Renart qui deviendra Renard.
A la fin du 20e siècle, le renard prend une toute autre considération, il devient un esprit fin, éclaireur qui nous accompagne, un ami fidèle ou un héros : Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry ; Fantastique Maître Renard de Roald Dahl ; Rox et Rouky des studios Disney…


Plus récemment, Le Renard et l’Enfant de Luc Jacquet conte l’amitié d’une fillette et d’un renard roux sauvage qui s’apprivoisent. Depuis le 21e siècle, une nouvelle image du renard roux se développe, il n’est plus question de le médire mais plutôt d’apprendre à le connaître pour mieux cohabiter.
Etymologie et héritages phonétiques
L’origine du mot « Renard »,
De Vulpeculum en latin populaire, Vulpes en latin classique et Volitans pedibus, qualifiant le fait qu’il ne marche pas en ligne droite et « virevolte avec ses pieds » faisant référence à ses changements de direction incessants pour troubler la proie ou l’ennemi, le renard s’est vu octroyer bien des noms avant celui que nous lui connaissons aujourd’hui.
Par une certaine influence germanique qui remonte au temps des grandes invasions, le peuple des Francs qui a donné son nom à notre pays était germain. Et plus que cousin, selon la dérive du francique « Wulf » (Loup), en allemand, comme en anglais « Wolf », les formes Vorpil et Volpil sont attestées au XIIème siècle.
D’autres appellations se succéderont, se chevaucheront, se confondront : Volp, Vuolp, Vorp, Waupe, Volpille, Vulpille, Golpil, Gourpil, Gorpille, Gupil, Goupil … Vulpes en constitue aujourd’hui la dénomination scientifique.
Il doit son nom vernaculaire actuel au Roman de Renart, œuvre littéraire regroupant des récits disparates, parodiques et critiques de la société au Moyen Age, fruits d’auteurs divers inconnus pour la plupart.
Jusqu’au Moyen-Age, en langue française, le renard était appelé le goupil. Renart est le nom propre, d’origine flamande Reinaert, donné au goupil dans l’œuvre devenue si populaire qu’elle a remplacé le nom commun de l’animal par le propre utilisé dès le XIIème siècle. La forme latinisée Reinardus est déjà écrite dans l’Ysengrimus de Nivardus en 1151-52, précurseur du Roman de Renart (Bossuat, Le Roman de Renart, p68).


Les noms propres d’origine germanique sont fréquents en France : comme Renaut / Renauld / Renaud et Reginald provenant de leur forme ancienne Raginohard et Reginhart, de l’allemand ragin ou regin « conseil » et hart « fort » signifient « de bon conseil ».
Renard avec un « d » est une variation calligraphique et phonétique de Regnard dont le « g » a été ajouté à la Renaissance, il vient de la forme Raginardus.
La forme méridionale Rainard est moins fréquente. D’autres variations Raynard, Reinard, Reynard ont leur terminaison tantôt en -ard, suffixe français, tantôt en art, suffixe germanique. Les formes germaniques, alsaciennes et lorraines sont reconnaissables : Reinhardt, Reinert. Les formes flamandes, empreintes par le même fait, Reinaert, Reynaert sont d’anciens noms de bâptème germaniques issus aussi de « Ragin-Hard ».
Des diminutifs comme Renardet, Renardin, Renardeau, Renardot, … particulièrement avec l’aphérèse -nardet, -nardin, -nardot ont connu des modifications phonétiques impliquant la perte d’un ou plusieurs phonèmes au début du mot.
Certains patronymes actuels peuvent s’y rattacher mais minoritairement, il est rare de rencontrer des formes avec article telle que Monsieur ou Madame « Lerenard », alors que « Leloup » est plus courant.
Renarder, verbe intransitif du 1er groupe de la conjugaison française signifie « agir avec ruse ».
Alors renardons …
expansion urbaine, des renards des villes

Vulpes vulpes s’apprivoise facilement jusqu’à une certaine limite, dans un monde idéal pourquoi ne pas cohabiter dans le respect, mais quel monde idéal ? alors s’il ne craint plus l’homme il peut faire de mauvaises rencontres, croiser le chemin d’un chasseur et ne pas le fuir peut lui coûter la vie.
Détenir un animal sauvage sans les autorisations requises (certificats de capacités, autorisations d’ouverture, …) est strictement interdit par la loi et est passible d’une amande de 150 000 euros et de 3 ans d’emprisonnement.
Il peut être à l’origine de petits larcins dans votre jardin : destructions ou vols d’objets, trous dans le sol ou sous les grillages, saccage des sacs poubelles, marquages (urine et fèces).
Rendez-lui service, ne laissez pas de nourriture dehors ! Votre compost ? n’y jetez pas de déchets carnés qui attirent aussi les rats et autres indésirables.
L’expansion de l’urbanisation et de l’agriculture tend à restreindre les habitats naturels, ce qui contraint les espèces à s’éloigner si c’est possible, à s’adapter (au mieux ?) ou … à disparaître. Ubiquiste, le renard s’est adapté en bon opportuniste, s’installant dans les banlieues et les villes. Plutôt nocturne, il craint les activités humaines mais l’acuité de ses sens et son instinct lui permettent de trouver un intérêt parmi nous : un accès à la nourriture « facile » et une moindre pression des chasseurs. Ce sont deux des raisons pour lesquelles on le rencontre en grand nombre aujourd’hui dans certaines villes d’Europe.
Le renard s’adapte et se régule en fonction des ressources alimentaires disponibles dans son environnement. Plus la nourriture est rare, plus son domaine vital est vaste et inversement, plus la nourriture est abondante plus son espace de vie se restreint. Ce qui signifie que si vous nourrissez un renard, la superficie de son territoire diminue puisqu’il trouve des ressources régulières et en abondances dans votre jardin. Le cercle se réduit, plus besoin de courir loin mais autour l’espace ainsi libéré est rapidement investi par un ou plusieurs autres renards tenus jusqu’alors en périphérie ou en dispersion en quête d’un territoire. Perturber ainsi l’équilibre engendre des mouvement d’individus pouvant être vecteurs de maladies.
Si pour une raison quelconque comme départ en vacances, déménagement, hospitalisation ou que vous décidiez de cesser de le nourrir, le renard va devoir re-élargir son espace vital. Ce qui sera une source de conflit et de concurrence avec les autres renards environnants. Encore une perturbation de l’équilibre déjà fragilisé.

Références & sources :
Ludiwine, Créatures légendaires : Renard à neuf queues, blog Les chroniques de Ludiwine, modifié le 15/08/22. Consulté le 28/01/2023, lien du site.
Site web JeandelaFontaine, Les 25 fables les plus connues de Jean de La Fontaine, 2019-2022. Consulté le 28/01/2023, lien du site.
Encyclopédie Larousse, Roman de Renart, sur le site Larousse.fr : encyclopédies et dictionnaires en lignes. Consulté le 28/01/2023, lien du site.
Françoise, Le Petit Prince Et Le Renard, Blog sur le site Animal Mon Compagnon, article créé le 21/07/2018. Consulté le 28/01/2023, lien du site.
Allociné, Le Renard Et l’Enfant, sur le site web Allociné : catalogue cinéma, novembre 2007. Consulté le 28/01/2023, lien du site.
