Vecteur de la rage, une histoire du passée
Le renard roux est connu pour avoir été le principal vecteur de la rage en Europe. Des centaines de milliers de ces animaux atteints sont morts (1969 -1980) de la maladie.
Alors que la rage des animaux domestiques pouvait être contrôlée par des mesures de prophylaxies appropriées, celle des animaux sauvages posait un problème plus ardu et jusqu’en 1960, la seule alternative semblait être la destruction des populations des espèces animales vectrices. Mais ces mesures ont été reconnues peu efficaces et même dangereuses pour l’équilibre écologique. La solution était d’interrompre le cycle de la rage sylvatiqueen immunisant les espèces vectrices impliquées. Découverte au Etats-Unis, la méthode de vaccination des animaux sauvages conter la rage fut développée en Europe et appliquée pour la première fois sur le terrain e octobre 1978 en Suisse. Cette méthode reconnue comme extrêmement efficace, recommandée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et l’OIE (Organisation Internationale des Epizooties) elle fut étendue à de nombreux pays. Cette campagne de vaccination consistait à déposer dans les zones contaminées ou menacées des appâts renfermant une capsule contenant le vaccin antirabique, souvent par largage aérien. Elle viendra à bout de la rage en France en 1998 et notre pays sera officiellement déclaré indemne de rage vulpine en 2001.
Les vagues d’exterminations de renards qui avaient été menées pour éradiquer le virus ont coûté un lourd tribu à d’autres espèces (blaireaux, chats sauvages, hermines, fouines, putois, renards…) par les méthodes utilisées : « gobes », viandes contenant du poison (strychnine), gaz de combat, utilisé pendant la 1ère guerre mondiale (chloropicrine) ou acides (cyanhydrique). Les espaces libérés par les animaux éliminés étaient réinvestis rapidement par d’autres qui, atteints de la rage, la propageaient par ces mouvements de populations.
L’épidémiosurveillance permet une veille sanitaire afin de prévenir toute réminiscence ou retour du virus sur le territoire métropolitain. Il s’agit également de faire rigoureusement vacciner les animaux domestiques quittant le pays et d’être plus que prudents en ramenant des chiens ou autres de pays étrangers comme le Maroc ou les pays de l’Est dans lesquels la rage sévit encore.


Pour éviter toutes contaminations, il est recommandé de ne pas toucher, soigner, un animal errant ou domestique ayant des troubles du comportement et de ne pas manipuler un animal mort.
De quoi les renards tombent-ils malades ?
L’échinococcose alvéolaire ?
Cette maladie est à défaut couramment associée au Renard mais en réalité elle concerne la majorité des carnivores dont votre chien et votre chat. Maladie rare mais très sérieuse pour l’homme, elle est due à un parasite intestinal qui vit au sein de l’intestin des carnassiers.
La contamination se fait à travers la consommation d’aliments souillés par les excréments des individus (surtout par les rongeurs) et non par l’urine, comme on peut le croire ! Elle peut provenir également du contact direct avec les œufs du ver présents sur le pelage de vos animaux.
Des gestes simples permettent d’éviter les risques de contamination : se laver les mains consciencieusement à l’eau chaude et au savon après toutes manipulations suspectes : caresses d’animaux ou travail dans la terre (porter des gants est recommandé). Eviter toutes consommations d’aliments crus provenant du jardin accessible à la faune sauvage et domestique car le nettoyage ne suffit pas, il est plus que recommandé de faire cuire vos fruits et légumes à plus de 60°c. Attention, la congélation n’aura aucun effet sur le parasite.
Lors de vos promenades en pleine nature, consommer de préférence des baies non près du sol mais plutôt en hauteur. Eviter de toucher un animal mort ou suspect. Pour vos animaux domestiques, penser à les vermifuger régulièrement (tous les 4 mois). N’hésitez pas à demander conseil auprès de votre vétérinaire.
France Nature Environnement, Renard : 4 idées reçues sur un animal utile, publié le 19 janvier 2022. Consulté le 13/01/20, lien su site.
Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, L’échinococcose alvéolaire, publié le 24 août 2017. Consulté le 13/01/20, lien du site.
La tuberculose bovine ?
Maladie transmissible à l’homme, elle affecte principalement les élevages bovins. La France est exemptée de la maladie mais certains foyers persistent. La bactérie, Mycobacterium bovis, est à l’origine de l’infection des animaux domestiques et sauvages dont les bovins, les cervidés mais notamment les sangliers, blaireaux et renards.
Elle se transmet par la voie respiratoire, et parfois digestive. Les bovins sont les hôtes principaux et peuvent la transmettre à d’autres espèces réceptives, comme celles citées précédemment. La maladie provoque une hypertrophie des ganglions lymphatiques, des poussées de fièvre, une diminution de la production laitière et une perte de poids chez les individus touchés.
Anses, La tuberculose bovine, une maladie surveillée chez les animaux domestiques et sauvages, publié le 04 juin 2013. Consulté le 13/01/20, lien du site.
La leptospirose ?
Zoonose courante dans le monde qui peut atteindre toutes les personnes ayant un métier ou une activité liés directement aux animaux : vétérinaires, éleveurs, personnels d’abattoirs, pêcheurs… Les bactéries se développent dans des zones humides comme les eaux douces ou les sols boueux. Les rongeurs, principaux réservoirs, excrètent la bactérie via leur urines contaminant ainsi le milieu fréquenté par d’autres espèces dont les animaux d’élevages et domestiques (chiens).
Chez l’homme, les bactéries pénètrent par la peau lésée ou les muqueuses. De façon directe, la contamination survient après un contact avec un animal infecté ou par une morsure. Elle peut survenir également de façon indirecte lors d’une activité dans des eaux polluées par les déjections d’individus atteints (pêche, baignade…). Les bactéries circulant dans ces eaux entrent dans votre organisme par des plaies, muqueuses ou encore inhalation de gouttes.
Ministère du travail, de la santé et des solidarités, Leptospirose, publié le 01 juin 2022. Consulté le 13/01/20, lien du site.
La toxoplasmose ?
Cette maladie est due à un parasite, Toxoplasma gondii, qui a pour but d’atteindre l’intestin du prédateur (hôte définitif) en influençant le comportement de la proie transporteuse, elle n’aura ainsi plus peur et deviendra une proie facile à attraper.
L’affection chronique se manifeste chez son hôte sous forme de kystes dans les muscles et le cerveau, touchant notamment l’homme. Elle s’attrape par la consommation de viande pas assez cuite et des aliments du potagers mal nettoyés ou encore par la caisse de votre chat. Le parasite assura sa transmission via les excréments de l’hôte. Il est recommandé chez la femme enceinte de pas toucher de chat lors sa grossesse (surtout sa caisse) qui pourrait nuire le fœtus en cas de contamination de la mère.
Une article sur sciences avenir[1] parle d’une renarde devenu plus qu’amicale avec l’homme, l’empêchant d’être autonome à l’état sauvage. Le parasite vient inhiber et compresser le message nerveux à l’origine de la peur.
Dominique Soldati-Favre & Ivan Rodriguez, université de Genève, communiqué de presse « quand le toxoplasmose ôte tout sentiment de peur », publié le 14 janvier 2020. Consulté le 13/01/20, lien du site.
[1]Johanne-Eva Desvages, sur le site sciences avenir, article « Toxoplasmose : une renarde trop docile à cause de sa maladie », publié le 20 juillet 2016. Consulté le 13/01/20, lien du site.
La maladie de Carré ?
Maladie virale, épizootique, qui touchent de nombreux carnivores : le Renard, le Blaireau, la fouine, et notamment le chien. Le virus se transmet par voie aérienne ou par contact directe avec les liquides excrétés par le corps : salive, écoulements nasaux ou oculaires, fèces, urine… Le virus peu résistant dans l’environnement, sa transmission nécessite des contacts très rapprochés.
Une fois l’animal infecté, le virus se développe rapidement dans tout l’organisme. La gravité dépendra de la virulence de la souche, de l’âge de l’individu, et de son immunité. Certains individus infectés peuvent n’ont aucun symptôme. Affaiblissement physique général, fièvre, manque d’appétit, diarrhée, vomissement et problèmes respiratoires seront constatés puis une fois en progression, le virus provoquera des lésions cutanées (pustules) et des signes nerveux (tremblements, paralysie).
M.-P. Ryser-Degiorgis, M. Pewsner, C. Haas, Centre pour la Médecine des Poissons et des Animaux sauvages Groupe Faune sauvage, « Fiche Technique MALADIE DE CARRÉ« , publié le 10 juin 2015. Consulté le 13/01/20, lien article.
Myriam Gorzkowski, sur le site Pharma GDD, article » Maladie de Carré : causes, symptômes et prévention« , publié le 19 décembre 2012 et mise à jour le 04 août 2023. Consulté le 13/01/20, lien du site.
Typologies et autres maladies
Virales : maladies d’Aujeszky, de Carré, parvovirose, hépatite de Rubarth, encéphalite, rage (France exempte depuis 2001)…
Bactériennes : charbon, dermatophilose, rouget, listériose, brucelloses, pasteurellose, yersiniose, tétanos, botulisme, leptospiroses, tuberculose…
Protozoaires : leishmaniose, toxoplasmose, coccidiose, …
Vers : spiruroses, dioctophyme rénale, acantocephale, echinococcus multilocularis…
Endoparasites : piroplasmose.
Ectoparasites : acariens (Sarcoptes scabiei, agent de la gale), tiques (3 espèces infectent régulièrement les renards en France), de nombreuses espèces de puces, poux.
Les affections les plus marquantes sont la gale, l’échinococcose alvéolaire (voir zootechnie, « pathologies ») et anciennement la rage.
Références & sources :
MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Fiche de Vulpes vulpes (Linnaeus, 1758). Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Consulté le 17/11/2022, lien du site.
ARTOIS M. 1989. Le Renard roux (Vulpes vulpes Linnaeus, 1758). Société française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n°3. 90p.
Jean-Pierre Jost et Jost Yan-Chim., Le Renard : Aspect, comportement, urbanisation, Cabedita, 2005, 156 p.
Denis-Richard Blackbourn, Le Renard roux, Saint-Yrieix-sur-Charente, Éveil éditeur, coll. « Approche » (no 15), 1999, 84 p.
